Une nouvelle matinée se profilait déjà à l'horizon. Le ciel rosé tournait vers le bleu azur, parsemé de nuages cotonneux et blancs, et l'astre du jour montait toujours plus haut, ses rayons dorés baignant ces terres d'une douce lumière.

Dans le camp de la Prairie, perchée sur un rocher, du haut de sa petite taille, Graine d'Orge fixait l'horizon, sage. Ses deux grands yeux noirs brillaient d'amusement, elle voyait déjà là le temps idéal pour aller chercher des provisions pour son Clan. La meneuse descendit de son perchoir et trottina vers la sortie du camp, saluant au passage certains guerriers qui la regardaient, ceux loyaux envers elle, bien évidemment. Car tout le monde savait fort bien ici que quiconque évitait le regard perçant de la chef était un traître ou avait alors commis une faute grave et étouffé l'affaire.

La femelle rat des moissons s'étira sous le soleil, l'astre qu'elle adorait. Lézarder au soleil en ces jours particulièrement chauds était un vrai rêve. La petite souris grimpa sur une tige de blé robuste et arriva bientôt à son sommet, ses petites pattes griffues se plantant avec force et assurance dans la tige jaunâtre.

Soudain, un cri de chauve-souris lui parvint, et tandis que la voix inquiète venait à ses oreilles, elle aperçut le mammifère volant non-loin:

- Attention !

Graine d'Orge leva les yeux aussitôt, un réflexe chez elle. Elle vit la buse lui plonger droit dessus. L'oiseau s'écrasa dans les tiges de blé, et pendant plusieurs minutes, on ne vit plus rien, seulement certains cris pouvaient parvenir à l'extérieur. Vive comme le vent, la femelle au beau pelage brun-roux frappait frénétiquement l'oiseau de proie, sans que celui-ci, sur le dos, ne puisse l'apercevoir. Elle finit par l'assommer, et couina en direction de la chauve-souris qui arrivait près d'elle:

- C'était moins une ! Mais grâce à ton avertissement, j'ai pu la voir à temps et la maitriser. Merci !

Les moustaches du rat des moissons frétillaient encore suite au combat qu'elle venait de mener.